• L'éducation d'un sage

    L’éducation d’un sage


    Scène 1 :
    Un vieux sage avait un fils qui ne voulait sortir de sa maison, car il était
    complexé par son physique. Il craignait que l’on se moque de lui. Son père lui
    expliqua alors qu’il ne fallait jamais écouter les gens et qu’il allait lui en donner
    la preuve.
    -Demain, lui dit-il, tu viendras avec moi au marché !


    Scène 2 :
    Tôt de bon matin, ils quittèrent la maison, le vieux sage sur le dos de l’âne et
    son fils marchant à ses côtés. Quand ils arrivèrent sur la place, des marchands ne purent s’empêcher de
    murmurer :
    -Regardez cet homme. Il n’a aucune pitié ! Il se repose sur le dos de l’âne et laisse son pauvre fils à pied. Le
    sage dit à son fils :
    -Tu as bien entendu ? Demain, tu viendras avec moi au marché !


    Scène 3 :
    Le deuxième jour, le sage et son fils firent le contraire : le garçon monta sur le dos de l’âne et le vieil homme
    marcha à ses côtés. A l’entrée de la place, les mêmes marchands étaient là :
    -Regardez cet enfant qui n’a aucune éducation, dirent-ils. Il est tranquille sur le dos de l’âne, alors que son
    pauvre père doit se traîner dans la poussière. Si ce n’est pas malheureux de voir pareil spectacle !
    -Tu as bien entendu ? dit le père à son fils. Demain, tu viendras avec moi au marché !


    Scène 4 :
    Le troisième jour, ils partirent à pied en tirant l’âne derrière eux au bout d’une corde.
    -Regardez ces deux imbéciles, se moquèrent les marchands. Ils marchent à pied comme s’ils ne savaient pas
    que les ânes sont faits pour être montés
    -Tu as bien entendu ? dit le sage. Demain, tu viendras avec moi au marché !


    Scène 5 :
    Le quatrième jour, lorsqu’ils quittèrent la maison, ils étaient tous les deux juchés sur le dos de l’âne. A l’entrée
    de la place, les marchands laissèrent éclater leur indignation :
    -Quelle honte ! Regardez ces deux là ! Ils n’ont aucune pitié pour cette pauvre bête.


    Scène 6 :
    Le cinquième jour, ils arrivèrent au marché en portant l’âne sur leurs épaules.
    Mais les marchands éclatèrent de rire :
    -Regardez ces deux fous qui portent leur âne au lieu de le monter.


    Scène 7 :
    Aussi le sage conclut-il :
    - Mon fils, tu as bien entendu, quoi que tu fasses dans la vie, les gens trouvent toujours à critiquer. C’est
    pourquoi tu ne dois pas te soucier de leur opinion : fais ce que bon te semble et passe ton chemin.
    D’après un conte persan


    Dans l’atelier du philosophe : Nous sommes trop souvent prisonniers de l’opinion des autres.
    « Que vont-ils dire de moi si je prends la parole en classe ? Que vont-ils penser si je porte
    tel ou tel vêtement ? » Or, exister, c’est trouver son propre chemin. Si vous n’êtes pas vousmême
    qui le sera à votre place ? Est-ce que cela ne vaut pas le coup de risquer parfois
    quelque critique pour s’affirmer soi-même.


    Extrait : LES PHILOPHABLES Michel Piquemal , Philippe Lagautrière Chez Albin Michel


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